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Échange d'informations entre les syndicalistes de la RDC et de Côté d'Ivoire au siège national de la FENECO-UNTC, Avril 2021

Le Projet de Formation syndicale et Coopération Sud-Sud (FORSYNC)

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Jacques Taty, coordinateur de FORSYNC forme des syndicalistes
Jacques Taty, coordinateur de FORSYNC forme des syndicalistes

Résumé

Depuis les débuts du PME, les processus de suivi de l’éducation ont été renforcés sous la forme de revues sectorielles conjointes. Les syndicats d’enseignants, en dépit de leur poids et de leur importance dans le paysage éducatif, ne participent pas toujours. Cette faible implication de la société civile s’explique en grande partie par un manque de formation des acteurs.

Le projet vise à augmenter l’implication de la société civile et à renforcer le rôle des syndicats enseignants dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques sectorielles.  Un noyau dur des syndicats sera en premier lieu formé sur plusieurs thèmes : processus du PME, suivi du secteur, enquêtes auprès des enseignants, rapports de performance du secteur. Ce noyau dur formera à son tour les membres des syndicats au niveau national, avant de passer à la pratique à travers la réalisation de diverses études et projets pertinents.

Le projet est à la recherche de sponsors et financements. Dans la lignée de FORSYNC, une académie syndicale en ligne a été lancée. Elle rassemble une centaine de syndicalistes de RDC et du Togo.

Le projet a été présenté à la conférence CIES 2021 dans un panel sur le dialogue social rassemblant l‘UNESCO et l’Internationale de l’Education.

Le projet a réalisé plusieurs articles sur les syndicats d’enseignants disponibles ici.

Analyse de la situation et du contexte

Les processus de suivi du secteur de l’éducation ont été formalisés depuis les débuts du PME en 2002. Les modalités et les contenus des revues sectorielles conjointes organisées chaque année diffèrent entre les pays. Les degrés d’implication de la société civile et des syndicats d’enseignants en particulier sont variables, GPE (2017).

D’après ce rapport du PME de 2017 : « Les OSC ont plutôt eu tendance à se considérer comme remplissant la fonction d’une critique constructive lors des revues sectorielles conjointes, qui offrent également un forum efficace pour le lobbying. Des tensions entre ce rôle et leur position externe par rapport au partenariat étroit entre les gouvernements et les partenaires au développement ont été mentionnées. »

 La question des enseignants est essentielle dans la mise en œuvre des politiques éducatives, en tant qu’objet (ils sont destinataires/bénéficiaires de certaines composantes des plans sectoriels comme le recrutement, la formation) et sujets (ceux sont eux qui mettent en œuvre les réformes éducatives dans les classes). Ces enseignants sont représentés dans les revues sectorielles conjointes par des syndicats d’enseignants et les organisations de la société civile.

Or les syndicats d’enseignants ne sont pas suffisamment bien associés aux revues sectorielles conjointes: « La faible assiduité́ des associations de parents d’élèves (présentes dans seulement la moitié́ des revues sectorielles conjointes pour lesquelles les informations sont disponibles) et des syndicats d’enseignants (dans seulement un tiers des revues sectorielles conjointes examinées) est également préoccupante. Etant donné qu’ils sont à la fois les principaux bénéficiaires de la politique sectorielle et des prestataires de services publics, les associations de parents et les syndicats d’enseignants fournissent des  perspectives capitales sur les réalités du terrain.»  GPE (2017)

D’après des entretiens réalisés auprès des syndicalistes du Niger et Congo par les auteurs, il ressort que les syndicats d’enseignants se sont organisés pour renforcer leurs capacités techniques à travers des formations, mais cela concerne principalement la mobilisation syndicale, la négociation et la logistique de manifestation.

Des syndicalistes en formation au Tog
Des syndicalistes en formation au Togo

 

Fonds de la société civile

Cette situation a été améliorée par les financements du Fonds de la société civile pour l’éducation FSCE ont permis aux OSC de mieux participer, et de façon plus régulière, aux mécanismes de dialogue sectoriel, comme le montrent les évaluations sommatives effectuées (UNIVERSALIA, 2019). La mise en œuvre de ce fonds a abouti à d’excellents résultats qui seront exploités dans la mise en œuvre du projet FORSYNC : (i) Le renforcement des capacités des membres de la coalition en matière d’analyse et de suivi du budget de l’éducation a aidé la société civile à exercer une influence positive sur les processus budgétaires et à présenter ses recommandations au ministère de l’Éducation ;(ii) La crédibilité s’en trouve renforcée, amenant la coalition à être reconnue comme un partenaire à part entière dans le dialogue du secteur de l’éducation ; (iii) La recherche et la collecte de données probantes sont un élément crucial du travail de plaidoyer si l’on veut influencer les politiques gouvernementales et mobiliser l’opinion publique (ANCEFA, 2014).

Le projet formera un noyau d’experts nationaux, qui à leur tour étendront la formation aux autres membres, et seront ainsi  capables d’être des vrais interfaces/interlocuteurs de discussion d’égal à égal avec les experts du gouvernement ou des organisations internationales pour faire asseoir une politique rationnelle, mesurée et cohérente des systèmes éducatifs nationaux, des réformes concertées et discutées entre les partenaires (syndicats, société civiles, gouvernements…).

Les pays bénéficiaires du projet sont: le Togo, le Sénégal, la RDC, le Niger, le Cameroun et la Côte d’Ivoire. Ils représentent une diversité géographique de l’Afrique Francophone (Afrique Centrale, Côtière et sahélienne) et incluent des pays à large population, avec des niveaux de participation des syndicats aux revues sectorielles qui varient.

Les premières analyses mettent également en évidence la sous-représentation des femmes dans les organisations syndicales d’enseignants, alors même que les femmes comptent pour une grande majorité au sein de la population enseignante. A titre d’exemple,  les données de mai 2020 de l‘Union des Syndicats des Travailleurs du Niger (USTN) montrent que pour les huit syndicats de l‘éducation qui y sont affiliés, la part des femmes est de 26,7%  contre 73,3% pour les hommes. Or les études ont montré que les femmes syndicalistes sont importantes dans la recherche de l’unité syndicale et d’habitude moins impliquées dans les disputes des postes de dirigeants, la principale source de conflit et de discorde (Organisation internationale du Travail, 2010).

Le but est d’améliorer la participation des syndicats d’enseignants au suivi des politiques éducatives et des plans sectoriels (transparence et redevabilité). Les syndicats devraient être présents aux revues sectorielles, être une source d’informations, être associés au suivi du secteur et constituer une force de proposition constructive pour affiner les politiques éducatives, les évaluer et participer à leur mise en œuvre.

Échange d'informations entre les syndicalistes de la RDC et de Côté d'Ivoire au siège national de la FENECO-UNTC, Avril 2021
Échange d’informations entre les syndicalistes de la RDC et de Côté d’Ivoire au siège national de la FENECO-UNTC, Avril 2021

Théorie du changement

Le projet vise à apporter un changement dans l’implication de la société civile (à travers les syndicats) dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques sectorielles et renforcer la coopération Sud-Sud. La faible implication de la société civile est essentiellement due au manque de formation spécifique sur les politiques sectorielles et la gestion des systèmes éducatifs, ce qui ne lui permet pas une participation active et efficace dans le dialogue sectoriel.

Impacts à long terme en lien avec les objectifs du PME

  1. La transparence, la participation et la redevabilité du dialogue politique dans le secteur de l’éducation sont améliorées.
  2. Les capacités des organisations de la société civile à mobiliser les citoyens, en particulier au niveau local, pour collecter des données stratégiques et/ou assurer le suivi des engagements du gouvernement sont renforcées
  3. Les collaborations d’apprentissage sur les données exploitables et sur la manière de transformer les informations en actions de sensibilisation sont mises en place
  4. La disponibilité, les sources et la variété des informations pour formuler et mettre en œuvre des solutions politiques pertinentes sont accrues.
  5. La coopération syndicale Sud-Sud est renforcée

Impacts à moyens termes

  1. Les syndicats d’enseignants sont outillés pour une meilleure participation aux revues sectorielles conjointes
  2. Les syndicats d’enseignants sont formés au suivi des politiques éducatives
  3. Les syndicats d’enseignants deviennent une source d’information crédible pour le suivi des politiques éducatives notamment par la capacité à produire des  enquêtes et études auprès des enseignants ou des écoles
  4. La production conjointe de rapports de performance du secteur est mise en œuvre.
  5. Le partage d’expérience entre syndicats sur la question des revues sectorielles est promu.
  6. La coopération nationale et régionale de la société civile et des syndicats est renforcée.

Impacts à court terme

  1. Un noyau dur de syndicalistes est formé au suivi du secteur de l’éducation par des formateurs expérimentés.
  2. Les syndicalistes nationaux sont à leur tour formés par les membres du noyau dur.
  3. Des projets (citer des exemples) sont réalisés en vue d’alimenter les  revues sectorielles et d’élargir les sources de données disponibles pour celles-ci.

Le projet consiste en un renforcement des capacités des syndicats d’enseignants et d’une mise en réseau de ces syndicats à l’échelle transnationale.

Le noyau dur (les pionniers), bénéficiaire des formations régionales seront identifiés sur la base d’un profil de poste (voir en annexe). Ils seront recrutés sur la base de critères transparents et devront justifier de pré requis. La parité genre sera instaurée à la fois pour les formateurs et les formés.

Ces pionniers seront amenés à devenir des leaders du suivi de l’éducation dans leur pays et à former d’autres leaders dans leur pays (démultiplication des formations), à participer aux revues sectorielles et à produire des données, sous diverses formes (études, enquêtes, analyses) pour alimenter les revues sectorielles notamment.

Des syndicalistes au Niger le 1er mai
Des syndicalistes au Niger le 1er mai

Les formations régionales

an 1

Les formations régionales s’étaleront sur 6 ou 7 semaines et contiendront une partie en présentiel et une partie à distance. Les formations intégreront la réalisation d’un projet dans lesquels les formés mobiliseront leurs compétences.

Les formations pourront couvrir les thèmes suivants -un recensement des besoins plus complet (la demande) devra permettre de mieux formuler la formation (l’offre) :

  1. Les processus du PME et des revues sectorielles conjointes
  2. Les pratiques de suivi du secteur de l’éducation
  3. Les indicateurs sur l’éducation
  4. Les enquêtes auprès des enseignants
  5. L’évaluation des acquis
  6. L’élaboration de rapports de performance
  7. L’approche genre et des populations marginalisées
  8. L’impact des épidémies et les possibilités d’enseignement à distance

La plateforme d’échange

Une plateforme d’échanges virtuelle sera mise en place pour permettre les échanges et collaboration pendant la formation, réalisation des projets, maintien et développement des liens au sein des pays et entre pays après le projet.

An 2 : démultiplication des formations dans les pays

Les formations nationales se feront par les membres du noyau formés sous la supervision du point focal. Les enseignants des zones rurales et défavorisés seront fortement impliqués. L’implication des membres du ministère aux formations nationales permettra de susciter leur engouement auprès des membres du noyau.

L’implication des PTF aux formations pourra également renforcer le plaidoyer sur la participation des membres du noyau aux revues sectorielles.

Des syndicalistes en formation en RDC
Des syndicalistes en formation en RDC

An 3 : financement de projets nationaux

Des financements seront octroyés aux syndicats nationaux dont les membres ont été formés pour la réalisation de projets et la participation aux revues sectorielles. Ces financements leur seront donnés après soumission des TDRS.

Ces projets pourraient porter sur :

  1. Une petite étude ou enquête auprès des enseignants
  2. L’analyse des indicateurs sur les enseignants
  3. La production d’une note de synthèse sur la situation des enseignants
  4. La contribution à l’aide-mémoire de la revue sectorielle conjointe
  5. La contribution à un rapport de performance du secteur, soit pilotée par le gouvernement, soit « alternatif ».

L’équipe

Une équipe pluridisciplinaire, constituée d’experts nationaux et internationaux, ainsi que de syndicalistes, a été mise en place pour mettre en œuvre ce projet. Il s’agit de:

  • Aïchath Alaké SIDI ingénieure statisticienne, spécialisée en suivi évaluation
  • Pierre VARLY (expert en suivi évaluation planification sectorielle et de coopération internationale ;
  • Garba BARAOU (syndicaliste), consultant national enseignant spécialisé dans le domaine des enquêtes ; le suivi des pratiques de classe dans les écoles ;
  • Jacques Taty Mwakupemba (syndicaliste),  professeur  de mathématiques et philosophie, doctorant en philosophie.

Les experts et points focaux seront réunis au sein d’un comité de pilotage responsable des aspects scientifiques et techniques du projet et dont les termes de références ont été élaborés.

La gestion administrative et logistique sera dévolue au CROP. Une assistante de projet sera recrutée à temps plein.

Le Centre de Recherche et de Sondage d’Opinions (CROP) est un centre indépendant et non partisan de chercheurs en sciences sociales résidant au Togo, en Afrique et hors du continent africain. Il a son siège social à Lomé au Togo et actuellement administré par Hervé AKINOCHO assisté par une équipe dynamique de jeunes chercheurs africains de haut niveau intervenant dans différents secteurs. CROP est le partenaire national au Togo du réseau de recherche Afrobaromètre depuis 2012 et a déjà conduit quatre éditions des enquêtes au Togo ainsi que d’autres études en parallèle. Le CROP mobilisera aussi son expertise en matière de sondages et de suivi des politiques éducatives.

Les syndicats, dont les représentants seront dans le noyau seront des partenaires dans la mise en œuvre du projet. Leur soutient permettra une meilleure visibilité du projet et ils pourront grâce à leurs relation avec le ministère assurer la participation des membres au dialogue sectoriel.

Par l’équipe FORSYNC, septembre 2021

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