Ce post traite des écoles coraniques au Sénégal en visant à vulgariser certains travaux de recherche récents. L’école coranique est un sujet très polémique, mais la recherche en éducation peut servir à apaiser le débat. L’école coranique et ses élèves, les talibés, est un fait social incontournable et très visible au Sénégal, mais il a été pendant longtemps occulté par les réflexions sur l’aide et donc par le financement du développement.
Plusieurs approches peuvent être mises en œuvre pour l’aborder: statistique et économique, morale, sur le plan du droit ou en suivant la voie pédagogique… Toutes se valent, mais les médiaux occidentaux ont privilégié l’aspect moral. Les travaux de Dan WAGNER (Indigenous Education and Literacy Learning) et de Pierre ANDRE & Jean-Luc DEMONSANT (Koranic schools in Senegal : a real barrier to formal education ?) largement exploités dans ce post nous permettent d’aller un peu plus loin. La question centrale est de savoir si l’école coranique est véritablement opposée à un système d’enseignement formel, hérité de la colonisation.
En février 2010, le gouvernement sénégalais a pris un arrêté portant sur la reconnaissance des écoles coraniques du pays. Ce geste a été salué par Amnesty International. Jusqu’à présent, peu de textes administratifs ou législatifs portaient sur cette question, à en croire une brève revue du Journal Officiel Sénégalais en ligne. C’est une première étape vers une meilleure prise en main de ce type d’enseignement et d’écoles par l’Etat.
Depuis de nombreuses années, il existait une distinction claire entre le système d’enseignement formel, les « écoles françaises » et les écoles coraniques, soit « un système d’État institutionnellement dichotomisé, en public et religieux ». Pour une description de l’enseignement islamique en Afrique Noire, voir les Cahiers d’ Etudes Africaines.
Au sein du Ministère de l’Education, un service de l’enseignement franco-arabe officie. Mais il s’agit là d’écoles censées suivre le curricula national tout en introduisant des cours d’arabe et un enseignement religieux et qu’on distingue des écoles coraniques qui visent strictement à faire apprendre le coran. Les effectifs des écoles franco-arabes sont comptabilisés dans les statistiques officielles, mais le gouvernement sénégalais s’insurgeait de ne pas voir pris en compte les données sur les talibés dans les indicateurs de scolarisation. En réalité, aucune statistique administrative n’est disponible sur les écoles coraniques et les enquêtes ménages ou même sur le travail des enfants n’apportent pas l’information nécessaire. Les estimations des ONGS varient du simple au triple.
Si l’enseignement des écoles coraniques vise au départ la connaissance de textes religieux, il a parfois dévié vers des pratiques très décriées consistant à jeter les enfants dans les rues pour mendier. Voir ici quelques récits. De plus, les talibés doivent bien souvent remettre le soir une somme minimum d’argent au professeur ou marabout sous peine de châtiments corporels. A 200 FCFA par jour, un marabout qui a trente talibés récolterait ainsi 30*30*2= 180 000Fcfa par mois, soit l’équivalent d’un salaire d’un enseignant du public, duquel il faut bien sûr déduire les frais de nourriture des élèves et de dépenses de l’école.
Dans un mode de fonctionnement éducatif complètement libéral (donc sans réglementation), la demande sociale rencontre une offre et le directeur d’école peut chercher à maximiser son profit. Si l’offre n’est pas de bonne qualité (à l’emporte pièce !), c’est que la demande « école coranique » est forte, c’est un bien gratuit pour les ménages. Sur un plan économique, cette situation est le résultat de l’absence de réglementation. La réflexion sur cette question est à poursuivre.
Sur le plan du droit international, il peut s’agit purement et simplement d’exploitation et d’une forme « dommageable de travail » tel que définie par l’organisation internationale du travail et qui est visée par la convention 182 de l’OIT, signée par le Sénégal.
Mais encore une fois, mêmes les enquêtes statistiques portant sur le travail des enfants ne nous apportent pas toute l’information nécessaire sur le phénomène des écoles coraniques : « la base de sondage ne prend pas en compte les enfants résidant dans les daara (écoles coraniques) ou les maisons de fortune, entre autres. L’identification des enfants s’est faite à partir des ménages ordinaires. Cette situation aurait une incidence certaine dans la mesure de l’ampleur du travail des enfants du fait que la base de sondage se trouve ainsi sous-estimée. »
Mais il serait possible d’envisager des méthodes de sondage aréolaire (par zone) au moins à Dakar et dans sa banlieue. Le sujet du travail et de l’exploitation des enfants est relativement tabou. L’ONG Plan au Togo avait eu quelques problèmes lorsqu’elle a voulu publier son rapport sur la question, mais celui-ci est disponible sur Internet, sur le site du principal parti d’opposition…. Elle est relié en partie à la pratique du confiage des enfants, hors du ménage. Cependant, le lien entre cette coutume ancestrale et l’exploitation des enfants n’est pas systématique, le but premier étant l’éducation des enfants. Voir les travaux de Marc Pilon. Les contraintes économiques font que certains parents n’ont pas les moyens de subvenir aux besoins de leur progéniture et les confient à un autre ménage ou à une école/institution. Dans des temps pas si lointain en France, on observait les mêmes phénomènes, il y a eu Cosette, il y a Fatou. Mais c’est également pour certains parents une manière d’investir dans l’éducation, en confiant l’enfant à un ménage plus aisé. La famille d’accueil va utiliser l’enfant pour des tâches domestiques tout en lui délivrant une éducation, qui même si elle n’est pas dans une institution, pourra être meilleure que celle qu’il aurait reçu dans son ménage d’origine. Il y a donc différents pratiques, il faut relativiser.
Pour certains, l’errance et la mendicité dans les rues est une bonne formation à la vie future, vu le niveau du taux de chômage des jeunes, on ne peut pas le nier. Pour d’autres, c’est une fabrique de délinquants et de futurs terroristes, horde de djihadistes. Là encore, il convient de relativiser. Les terroristes internationaux comme ceux du 11 septembre, ont suivi des études « classiques » poussées, ils ont été parfois initiés à la religion sur le tard. Au Moyen Age, tous les élèves ayant été à l’école des pères catholiques ont-ils fini grand inquisiteurs ? Là encore sur les pratiques actuelles de l’enseignement par les pères catholiques, il y aurait beaucoup à dire. C’est l’histoire de la paille et de la poutre dans l’œil.
La question morale est légitime, mais malgré les conventions internationales, elle reste à géométrie variable. En fait, certaines pratiques en cours au Sénégal et ailleurs, ne sont qu’une homothétie ou une hypertrophie des pratiques ayant eu cours en occident, il n’y a pas si longtemps. En Asie, notamment en Birmanie, tous les jeunes doivent passer par un enseignement bouddhiste qui n’est pas très éloigné des pratiques de l’école coranique. Les moines ont des gamelles et mendient la journée, tout en « parcoeurisant » des textes sacrés et en réalisant des travaux domestiques dans les temples. Le bouddhisme en mode grand véhicule n’est pas non plus très fun. Mais personne ne s’en offusque.
L’ascétisme est à la base de la plupart des religions, les prophètes roulent rarement en Hummer. Sur le plan pédagogique, là encore les méthodes de châtiments corporels et les coups de ceinture sont à la base de toute école, qu’elle soit romaine, grecque, chrétienne, bouddhiste ou islamique. Voir les travaux Dan Wagner.
Sur l’école romaine (wikipedia) : « Les professeurs sont assez mal payés par les pères des élèves. Ils sont assez autoritaires avec les élèves. Ceux-ci sont battus au moyen d’une baguette de bois, la férule, ou même avec des lanières de cuir. L’enseignement est basé sur le par cœur et l’imitation et le rythme est relativement lent. ». L’expression férule est restée dans le langage courant : “Etre sous la férule de quelqu’un signifie qu’elle exerce sur nous une autorité très forte et brutale”. En Afrique, on utilise l’expression “chicoter” qui vient du mot portugais chicote = fouet. Voir cet article ou celui-ci sur l’usage de la chicote.
Voir surtout les discussions sur le profil Facebook du Président béninois Yayi Boni.
Ce n’est qu’au milieu du XXème siècle que la pensée et les pratiques ont véritablement évolué en occident sur les méthodes pédagogiques. Certes, il y a quelques déviances de nos jours au Sénégal, voir le reportage de Thalassa ou le post de RFI, qui ont suscité une certaine émotion, mais il y a aussi des écoles coraniques et daara qui se veulent modernes.
Au Sénégal, les marabouts jouissent de pouvoir spirituels voir magiques importants, c’est le cas aussi en Indonésie, ce qui selon D. WAGNER est un héritage de l’enseignement bouddhiste. Dans la ville sainte de Touba, le calife général des Mourides (une confrérie) a proscrit les « écoles françaises ». C’est une donnée sociologique, certains parents ne souhaitent en aucune manière que leurs enfants aillent à l’école « française ». L’école « indigène » n’est pas amenée à disparaître et les systèmes d’enseignement formel et informel doivent cohabiter. Jusque présent cela a été négligé par les politiques d’aide au développement et les bailleurs de fond mais on note des évolutions.
L’ambassadeur des Etats Unis au Sénégal a récemment déclaré : « Nous projetons de mettre quelque 4.000 bourses dans les instituts et écoles pour appuyer ces enseignements mais aussi des livres en anglais et cassettes vidéo pour soutenir l’enseignement coranique et l’apprentissage de l’anglais.
Nous cherchons à convaincre notre gouvernement à aider les instituts islamiques et à en construire de nouveaux. »
Cela peut faire bondir les défenseurs de la laïcité mais on peut aussi y voir un simple tour de manche ; le Sénégal est très influent sur le plan international et concentre généralement toutes les initiatives et projets pilote en Afrique francophone, le corps diplomatique marche sur des œufs. A moins que ce ne soit du pain béni pour faire basculer le Sénégal dans l’enseignement de l’anglais plutôt que du français via l’enseignement coranique. En fait, il s’agit simplement d’appuyer le gouvernement dans l’encadrement de l’enseignement coranique, ne voyons pas le mal partout…
La prise d’un arrêté par les pouvoirs publics sénégalais est un premier pas vers la réglementation et le financement de ces écoles et la prise en compte de l’enseignement coranique dans les politiques de développement. En termes d’investissements ou de mise de départ, l’école coranique représente peu de dollars : une salle, des corans, des tablettes. Il reste à savoir si c’est un véritablement une barrière à l’enseignement formel et si ce n’est pas un levier pour acquérir des compétences en lecture (littéracie), en calcul (numéracie) autres que la connaissance du Coran.
Sur le premier point et par un papier intitulé Koranic Schools in Senegal : a real barrier to formal education, de Pierre ANDRE & Jean-Luc DEMONSANT, chercheurs, jette un regard nouveau. Le rôle de la recherche en éducation est d’éclaircir le débat et de le rationnaliser, en prenant un peu de distance, mais la raison est souvent opposée à la religion et le sujet est épineux comme un acacia. Mais dans l’œil d’un polytechnicien muni de données, tout devient plus clair. Par respect pour leur travail, je me contenterais de traduire le contenu du résumé (abstract) de l’article en français.
« Les systèmes d’éducation publics dans les pays sahéliens n’enseignent pas l’enseignement religieux, qui est délivré par le secteur informel. Cet article est une première tentative d’étudier quantitativement comment ce système éducatif à deux facettes fonctionne et si la concurrence potentielle est un facteur clé du faible taux de scolarisation primaire au Sénégal. L’analyse est basée sur un ensemble unique de données nationales portant sur 1800 ménages, avec des informations détaillées sur l’enseignement formel et coraniques des enfants de 5 à 21 ans.
Dans notre échantillon, plus de la moitié des filles et 60% des garçons fréquentent l’école coranique pendant au moins un an, bien que la plupart d’entre eux restent pour seulement deux à trois ans. Nous présentons un bref historique sur l’Islam et les écoles coraniques au Sénégal afin de fournir une meilleure compréhension de la complexité du sujet. Nous examinons ensuite les déterminants de la scolarité coranique avant d’étudier sa compatibilité avec l’enseignement formel.
Une analyse descriptive montre que les enfants qui fréquentent l’école coranique pendant quelques années, ont une plus grande probabilité de fréquenter l’école primaire formelle que ceux qui ne vont pas à l’école coranique du tout et que ceux qui poursuivent des études coraniques longues. Afin d’identifier la substitution entre les écoles coraniques et l’école française, nous utilisons une stratégie instrumentale basée sur l’ouverture des les écoles formelles. Nos estimations I.V. montrent que l’effet de substitution domine chez les garçons. Cette substitution montre sans doute que les deux carrières scolaires sont considérées comme des choix éducatifs pertinents choix par certains ménages sénégalais, et qu’il existe une concurrence entre l’école formelle et l’éducation coranique au Sénégal. Alors que la création des écoles formelles changent les décisions de scolarisation, le choix d‘une scolarisation à temps plein dans les écoles coraniques est probablement du à la mauvaise qualité de l’enseignement dans les écoles formelles. Par conséquent, l’amélioration de la qualité de l’éducation coranique pourrait améliorer la scolarisation formelle.
L’existence de l’enseignement coranique à temps plein pourrait donc être en partie un signal indiquant la pauvre qualité du système scolaire formel, mais reflète également des préférences réelles pour l’enseignement religieux. Les préférences de certains ménages pour l’enseignement coranique pourraient donc empêcher le développement de l’éducation primaire formelle, même si la qualité de l’enseignement était vraiment bonne. L’existence potentielle de ces aspirations des ménages soulève la question d’un système d’enseignement intégré facilitant un équilibre entre les deux types d’enseignement. »
L’article qui mobilise les techniques économétriques les plus pointues nous fournit des éléments substantiels pour mieux comprendre mais ne couvre pas tous les aspects de ce phénomène complexe. Ce n’est pas un reproche, mais si les deux types d’enseignement cohabitent dans « l’esprit des ménages », elles se partagent aussi le terrain foncier.
En effet, à Dakar et dans la banlieue il y a un réel problème d’urbanisme (c’est une presqu’île) et beaucoup d’écoles publiques n’ont pas vraiment de mur ou de clôture de délimitation et fonctionne en double flux. La création d’écoles privées agréées par l’Etat se fait au compte goutte et il y a donc un terrain favorable, c’est le cas de dire, à la multiplication des daraas et écoles coraniques. Voir les travaux du projet Education dans la Banlieue de Dakar.
Il reste aussi à étudier plus avant quel est l’effet de la scolarisation dans les écoles coraniques sur les compétences visées par le curricula national, comme l’a fait une étude de l’UNICEF. Est-ce qu’être scolarisé en daara quelques années ne permet pas d’apprendre à lire, écrire et compter en français ou dans une autre langue plus facilement ? L’apprentissage du Coran passe en effet par celui de l’arabe littéraire, qui est une langue complexe. Le wolof, la langue parlée au Sénégal contient beaucoup de mots empruntés à l’arabe, tout comme l’espagnol, et la prononciation des deux langues est relativement proche. En termes cognitifs, la mémorisation du livre peut renforcer les aptitudes. Le PASEC avait tenté de mesurer l’impact de la connaissance des sourates et hijab sur les acquis scolaires du curricula, en Mauritanie. Les évaluations internationales telles PASEC et EGRA ou nationales pourraient se pencher sur cette question ou des analyses secondaires pourraient être conduites.
Des échanges d’expérience entre le Sénégal et certains pays arabes (voir les travaux de Dan Wagner) ayant réalisé l’intégration de différentes formes d’enseignement pourraient aussi être une solution pour faire en sorte d’améliorer toujours plus les conditions de vie des enfants et de la population.
Bon Gamou à tous les sénégalais et Maouloud à tous les musulmans.
Crédit photo :http://www.panoramio.com/photo/1864346 et http://vudici.midiblogs.com/archive/2006/06/19/talibes-derniere-partie.html
Je commence par féliciter Varly pour ce texte très riche qui en dit beaucoup de choses sur les écoles coraniques au Sénégal.
Effectivement, je partage la plupart des interprétations de ce texte. Le Sénégal est un pays où les écoles coraniques doivent être considérées surtout dans les politiques éducatives vu l’ampleur de ces écoles et surtout vu l’importance que la population y accorde. Un foyer sénégalais, pour prouver sa croyance envers l’islam ou son dévouement envers son chef réligieux (cheikh ou marabout) confie ses enfants à ce chef. Et comme tu l’a si bien dit, ces enfants (talibés) sont amenés à recevoir une éducation. Tout le problème se trouve maintenant dans le processus d’apprentissage, car dépend seulement de la volonté du marabout. Ce dernier n’a généralement de compte à rendre à personne (ni aux parents du talibé, ni à une quelconque autorité). Ce qui amène des exagérations : utilisation à plein temps des talibés pour mendier et recolter assez de fonds pour le marabout, utilisation des talibés pour les travaux champêtres et domestiques, etc. La question est: comment moderniser de telles pratiques ? comment les autorités (Etat) peuvent-ils intervenir ? Je pose ces questions parce que généralement (au Sénégal), toute décision visant à modifier les pratiques des écoles coraniques doivent relever des Grands Khalifs Généraux (les chefs réligieux). Enfin, c’est ce que je crois au vu de mes constats. C’est à cause de cela qu’il n’y avait pas d’écoles françaises à Touba par exemple (ordre du Khalif).
Donc, il y’a là d’abord une nécessité de sensibilisation énorme à l’endroit de ces populations (confréries) sur les bienfaits de l’école française….Il faut d’abord convaincre les chefs réligieux de cette nécessité. Ce n’est qu’après, ces écoles peuvent progressivement intégrer d’autres programmes (linguistique, les maths…), et cela implique d’énormes moyens. Car souvent, l’école coranique se confond au domicile du marabout, ce dernier est seul enseignant, …
Un autre point est de savoir si l’on met les écoles franco-arabes dans les écoles coraniques ? Apparemment non. En tout cas, comme tu l’a dit aussi, les statistiques des ministères de l’éducation intègrent les écoles franco-arabes. Cependant, généralement ces écoles ne suivent pas du tout le curriculum officiel, les enseignants de ces écoles n’ont suivi aucune formation (ni initiale, ni continue). Et le PASEC a montré qu’au Burkina, les écoles franco-arabes rencontrent ainsi d’énormes difficultés d’apprentissage. Donc, une autre préoccupation est que les États doivent d’abord aider ces écoles (assez formelles) à assurer un minimum d’apprentissage à leurs élèves.
Reconnaître les écoles coraniques est un grand pas. Est-ce ça veut dire comptabiliser ces écoles dans les prochaines statistiques de l’éducation du Sénégal ? Si oui, comment ? Si non, quelles peuvent être les prochaines étapes pour une formalisation complètes de ces écoles ? Je sais qu’il y’a un travail de sensibilisation à faire au Sénégal. Pour les moyens, je pense également que certaines écoles bénéficient d’aides financières et matérielles (venant de pays arabes).
Bref, cela m’amène à poser beaucoup de questions.
Bien cordialement,
Ounténi.
Merci pour les commentaires.
Sur l’implantation des écoles “françaises” à Touba, un temps annoncé à tort par les autorités politiques, je t’invite à lire :
http://www.xibar.net/IMPLANTATION-D-ECOLES-FRANCAISES-A-TOUBA-Les-precisions-de-la-cellule-de-communication-du-Khalif_a15746.html
En gros le “deal” serait je pense j’introduire un enseignement religieux dans les “écoles françaises” pour qu’elles s’implentent à Touba. mais ce n’est qu’une supposition…
Les données PASEC ont aussi montré de manière très nette qu’au Sénégal et au Burkina Faso, ce sont les plus pauvres qui fréquentent les écoles franco-arabes. S’agissant du type de population scolarisé dans les écoles coraniques, le papier de Pierre André relativise un peu cette affirmation. Donc avant d’être un fait religieux, c’est peut être avant tout un problème de pauvreté… A terme, on arrivera à une forme de subvention de ces écoles, car c’est le seul véritable moyen d’avoir un contrôle/une réglementation sur l’enseignement coranique. Si l’Etat ne fait rien pour soutenir les écoles coraniques, la légitimité de sa supervision va poser problème dans la pratique.
Très intéressant. Merci pour ces informations.
Human Right Watch vient de publier un rapport accablant sur la situation des talibés.
Lire le résumé sur le site IRIN
http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=88838
ou
télécharger le rapport.
http://www.hrw.org/sites/default/files/reports/senegal0410frwebwcover.pdf
Voir http://varlyproject.wordpress.com/2010/09/18/mesures-contre-la-mendicite-au-senegal/
Voici également un rapport sur la modernisation des Daara réalisé par le ROCARE.
http://www.rocare.org/smgrt2006-sn-daara.pdf
Le Partenariat Pour le Retrait et la Réinsertion des Enfants de la Rue (PARRER) est un acteur clef de l’effort national de la lutte contre la mendicité des enfants et leur présence dans la rue et non a l’école, dans un lieu d’apprentissage ou dans leurs familles.
Le PARRER est une émanation de forces vives sénégalaises, africaines et internationales dans leur jonction avec la manifestation de la volonté politique de l’Etat du Sénégal réaffirmée à travers la convocation du Premier Conseil Présidentiel du Sénégal consacré aux enfants de la rue.
Ces instances regroupent la Présidence de la République(a travers la CAPE) l’Assemblée Nationale, les Ministères de la Famille, de la Justice, les ONG nationales et internationales, les leaders politiques, les leaders religieux, coutumiers et les leaders d’opinion, les acteurs du monde des arts et des lettres, La Municipalité de Dakar, etc.).
Il inscrit son action dans un cadre global d’orientation stratégique qui prend en compte des axes d’utilisation des instruments juridiques et d’application effective des lois, de plaidoyer, de mise en oeuvre d’actions de prévention, de retrait et de réinsertion des enfants de la rue.
Il a initié depuis sa création de nombreuses actions, en partenariat avec le Japon, via la Banque Mondiale et l’Etat du Sénégal, parmi lesquelles on peut citer :
(i)Sensibilisation et mobilisation sociale pour un consensus national sur l’application effective des lois a travers une campagne de mass media relative à la dissémination de la loi 06/2005 qui réprime entre autres, à l’article 3, l’exploitation de la mendicité des enfants
(ii) Mise en oeuvre d’une stratégie de prévention de la mendicité dans les zones pourvoyeuses d’enfants mendiants (Kolda, Kaolack, Ziguinchor, Thiès);Les rapports des diagnostiques dans ces régions sont en finalisation;
(iii)le PARRER a fait entreprendre auprès d’islamologues et d’autorités religieuses des consultations touchant à l’argumentaire religieux. Le rapport provisoire est disponible;
(iv) un recensement des écoles coraniques a Pikine, Guediawaye, Rufsique, Mbour et Thiès est disponible;
(v)Appui a la formulation d’un curriculum des écoles coraniques élaboré en partenariat avec le Ministère de l’Education. Il comprend les livrets de compétences, le guide du formateur, entre autres;
(vi) Mise ne oeuvre d’un programme pilote de retrait et de réinsertion des enfants de la rue dans la région de Dakar. Un rapport intermédiaire est disponible.
Ces actions vont être consolidées d’ici les prochaines années avec la mobilisation de ressources nationales auprès des citoyens, du secteur prive, de la Ummah Islamique, l’appui des partenaires au développement, de la coopération bi/multilatérale.
Les documents cités feront l’objet de publication dés que les ressources seront disponibles.
Le PARRER est une plateforme partenariale qui oeuvre pour la synergie et la complémentarité dans l’action et la rationalisation des ressources.
merci grandement pour votre contribution, je vous écris par email.
Bien cordialement
je vous demande de bienvouloir m adresser
Adresser quoi ?? 🙂
“Une cinquantaine de jeunes Pakistanais, àgés 7 à 20 ans, ont été retrouvés enchaînés dans le sous-sol d’une école coranique de Karachi, au sud du Pakistan. ”
http://fr.news.yahoo.com/pakistan-53-%C3%A9l%C3%A8ves-encha%C3%AEn%C3%A9s-sol-dune-%C3%A9cole-160108086.html
Quand on veux on peut, voici les mesures prises en Gambie, un pays enclavé dans le Sénégal:
“The madrassa support programme consists of providing English teachers, instructional materials
and participation in the school feeding programme to registered madrassas that synchronize their
programmes with the national curriculum. This programme has been highly successful. About
149 registered madrassas participate in the programme, double the number initially planned.
Between 2004 and 2006/07, madrassas accounted for 65% of the enrolment increase in lower
basic schools, and the madrassas now account for an estimated 16% of lower basic school
enrolment, up from 10% a decade earlier, and the majority of this increase is in madrassas that
have synchronized with the national curriculum.
The madrassa programme has made a particularly significant impact in Regions 5 and 6 where,
between 2000 and 2006, the madrassas boosted the lower basic GER from 66% to 87% in
Region 5 and from 47% to 73% in Region 6. However the programme was not without hitches.
Many English teachers posted to the madrassas were confronted with an unfamiliar environment
and were concerned about mobility.
To address this problem, DOSBSE switched from directly posting teachers to providing the
financial resources to the madrassas to recruit their own teachers.7As a result of this programme,
some madrassas are sponsoring their untrained (Koranic) teachers to enrol in the Gambia
College’s teacher certification programme, thereby facilitating horizontal and upward mobility.
Given the important role the madrassas play in providing education, this medium term plan will
aim to harmonize grant-in-aid policies and strengthen support and supervision. In addition,
EGRA and NAT will also be introduced in the madrassas. Grades 9 and 12 examinations will be
standardized and administered by WAEC. The core textbooks of mathematics, science and social
and environmental studies will be translated in to Arabic and will be provided together with
English textbooks to all officially recognized madrassas.”
Voir le plan sectoriel sur :
http://www.globalpartnership.org/media/library/Country_Documents/Gambia/THE%20GAMBIA-ESP-2008-11-GamEdMTP2008_2011_Final%20September%202008.pdf
page 22
voir le récit du travail entrepris par Monsieur Abdoulaye Sow à Saint-Louis.
http://fr.allafrica.com/stories/201302201336.html?viewall=1
A reblogué ceci sur Un blog sur l'éducation dans les pays du Sud – A blog on education in the developing countries.
Article très pertinent sur la situation des daaras au sénégal. Il y’a cependant un phénomène d’exploitation des enfants par des adultes véreux qui prétextent les font mendier toute la journée sans leur procurer la moindre éducation coranique. D’ou l’importance pour l’état d’identifier et d’agréer tous les daaras.
Tout à fait, je pense que la situation é évolué depuis 2010, au moins dans les intentions du gouvernement, reste à voir sur le terrain, l’article mériterait une mise à jour 🙂