Les Parcs Zoologiques : Quel Rôle Dans La Conservation De La Biodiversité ?

Par Elsa Riou, Kévin Métivier, Sami Crib, Valentin Thomas

Edité par les responsables du blog

Le Bureau de l’Association MeridiE a sélectionné cet article parmi cinq propositions des étudiants de l’Institut Supérieur de l’Environnement.

Les zoos, souvent perçus uniquement comme des lieux de divertissement, jouent, en fait, un rôle crucial dans la conservation de la biodiversité. Engagés dans la protection et la réintroduction d’espèces menacées, ils contribuent à des initiatives qui façonnent l’avenir de la conservation environnementale. À travers des exemples inspirants comme le Parc Zoologique de Vincennes, découvrez comment ces institutions allient recherche, éducation et préservation pour combattre l’extinction des espèces et éduquer le public sur les enjeux écologiques.

Les zoos, une histoire de conservation, de découverte et de recherche…

Les zoos sont au cœur de débats passionnés sur leur rôle dans la protection de la biodiversité. Ces espaces, dédiés à montrer et protéger les animaux sauvages, suscitent controverse et complexité. D’une part, ils sont critiqués pour les questions éthiques liées à la captivité des animaux. D’autre part, certains affirment qu’ils sont essentiels pour sauver et réintroduire des espèces menacées dans la nature. Pour vraiment mesurer leur impact, il est vital d’examiner leurs objectifs, méthodes et les résultats de leurs programmes de conservation, comme ceux du Zoo de Vincennes à Paris.

Le Parc Zoologique de Vincennes, un endroit clef pour la conservation ?

Fondé en 1934 pour une exposition universelle, le Parc Zoologique de Vincennes est aussi renommé que la Ménagerie du 5ème arrondissement de Paris. Son emblème, une montagne factice dite « le Rocher », était destiné à impressionner tant les Français que les visiteurs internationaux. Cette stratégie visait à attirer plus de monde, aidant l’économie et exposant des espèces exotiques, comme les lions d’Afrique du Sud.

Au fil du temps, le rôle des zoos a changé. Ils ne sont plus seulement des lieux de divertissement. Ils jouent un rôle clé dans la recherche, l’éducation, et la conservation. Cette évolution les a transformés en institutions scientifiques et éducatives importantes, dédiées à la protection des espèces et à la sensibilisation du public à la biodiversité.

Des perspectives d’évolution depuis sa création ?

En 2008, le parc zoologique de Vincennes a fermé pour rénovation et a rouvert en 2014 avec un nouveau visage. Les travaux ont agrandi les espaces de vie des animaux et supprimé les barreaux. Ceci reflétait une approche moderne et respectueuse de la conservation. De plus, le zoo a introduit des espèces diversifiées, notamment des reptiles et des amphibiens, absents avant la rénovation. Auparavant, il mettait en avant des grands mammifères comme les lions, les éléphants, les girafes, etc. En plus, certaines espèces jugées éthiquement inappropriées, comme les grands primates, ont été retirées.

Finalement, le parc zoologique a aussi créé un vivarium centré sur les espèces européennes et françaises. Cela renforce son engagement envers la conservation et l’éducation sur la biodiversité locale. Cette initiative aide à comprendre et à préserver les écosystèmes locaux. Elle soutient également la conservation de la biodiversité régionale.

Contraintes réglementaires des parcs zoologiques

Les parcs zoologiques, soumis à une réglementation stricte, doivent prouver leur engagement envers la conservation et la recherche en biologie. Cette exigence met en lumière l’importance des aspects scientifiques dans leurs activités. En effet, chaque zoo doit justifier des initiatives concrètes de conservation et de recherche pour être reconnu comme tel. Par exemple, des actions spécifiques peuvent inclure la recherche et la gestion d’une sous-espèce d’amphibien, le triton alpestre reiseri, qui se trouve uniquement dans le lac Prokosko Jezero en Bosnie. Ces efforts soulignent la mission éducative et scientifique des zoos dans la préservation de la biodiversité.

Triton alpestre

Concrètement, quels sont les procédés de conservation ? Avec quelles espèces ?

Les parcs adoptent une stratégie de conservation basée sur trois piliers essentiels : la zootechnie, la démographie, et la génétique. La zootechnie se concentre sur les méthodes de gestion et d’élevage en captivité pour améliorer la santé et la reproduction des animaux. La démographie s’occupe de surveiller les populations pour équilibrer les classes d’âge et les sexes. Ceci assure leur diversité et leur conservation sur le long terme.

Quant à la génétique, elle vise à maintenir la diversité génétique essentielle à la survie des espèces à travers les générations. L’objectif de cette stratégie est la viabilité à long terme des populations animales. Elle vise à préserver au moins 90% de leur diversité génétique sur cent ans. Cette approche est cruciale pour la résilience et l’adaptabilité des espèces face aux pressions environnementales et humaines. Celles-ci incluent le réchauffement climatique, la destruction des habitats, la pollution, ainsi que les activités économiques.

La cohorte de tête d’Arche (FCT d’Arche)

Le Zoo de Vincennes et d’autres zoos utilisent la stratégie de la FCT d’Arche. Cette méthode soutient démographiquement certaines espèces par la collecte d’œufs sauvages. Les œufs sont incubés en captivité dans des conditions imitant leur milieu naturel. Après incubation, ils sont relâchés pour aider une classe d’âge spécifique. C’est une méthode captive qui aide à renforcer la survie de certaines populations.

L’Unité de Sauvegarde Évolutive (USE)

Une autre stratégie, USE, existe pour la conservation ex-situ. L’USE gère des espèces menacées pour conserver leur diversité génétique. Son objectif n’est pas la réintroduction, contrairement à la FCT d’Arche. Les zoos échangent des animaux sans prélever dans la nature. Ce réseau entre établissements favorise la diversité génétique et montre l’engagement des zoos envers des pratiques de conservation éthiques et scientifiques.

Concrètement, cette approche est considérée comme étant une méthode anticipative. Elle a le but de préserver les populations en déclin et implique donc de comprendre et d’étudier la reproduction des espèces. Ceci afin de pouvoir la rendre possible en captivité tout en respectant au maximum leur conditions de vie.

Cas de succès – le triton alpestre de Bosnie

Au Parc Zoologique de Vincennes, un projet de conservation est exemplaire. Il concerne le triton alpestre de Bosnie, une sous-espèce locale disparue. Sa disparition est due à des truites introduites dans les années 1980. Olivier Marquis et son équipe ont travaillé sur sa sauvegarde à des fins d’études et de réintroduction. En 2015, le parc a accueilli plusieurs de ces tritons. Ils représentent maintenant un tiers de la population mondiale en captivité. C’est une initiative qui est maintenant devenue essentielle pour la survie de l’espèce.

Les Parcs Zoologiques, un réseau développé à grandes échelles ?

Les zoos ne sont pas isolés mais connectés globalement. Ils forment un réseau mondial, européen, national et influent pour la conservation de la biodiversité. Ils sont dirigés respectivement par la WASA (Association mondiale des zoos et aquariums),l’EAZA (Association européenne des zoos et aquariums), et la FDPZ (Fédération des parcs zoologiques français). Cette coordination à plusieurs échelles permet la collaboration entre chaque zoo. Ici, le Parc Zoologique de Vincennes en fait donc parti.

Au niveau mondial, la WASA permet la collaboration internationale entre les zoos et aquariums. Elle favorise l’échange d’informations, d’actions et la mise en œuvre de programmes de conservation globaux. L’EAZA stimule la coopération et l’action conjointe parmi les zoos européens. Elle promeut la conservation des espèces clés, à la fois sur place et hors site. Ces espèces prioritaires figurent dans des plans de collection régionaux. L’association facilite aussi la recherche scientifique dans les zoos et en laboratoire.

Les Taxon Advisory Groups (TAG)

Un des moyens clés de l’EAZA sont les TAGs (nombre actuel : 42). Ce sont des comités d’experts au sein de l’EAZA qui se consacrent à la conservation et à la gestion des animaux aux zoos. Chaque TAG est spécialisé dans une espèce particulière ou ungroupe taxonomique étroitement lié. Cela permet une approche spécifique et hautement spécialisée de la conservation. Ils élaborent des stratégies de conservation et collaborent étroitement avec les zoos, les chercheurs, et parfois les gouvernements. Ainsi, ces groupes se rencontrent régulièrement pour discuter des défis, partager des découvertes et des pratiques de gestion, et planifier la conservation à long terme. Ils gèrent aussi les programmes d’élevage pour maintenir des populations diversifiées et soutiennent des projets de réintroduction et de protection des habitats.

Les Programmes d’Élevage Européens (EEP)

Un autre moyen mis en place sont les EEP. Des initiatives cruciales dans le cadre de la conservation menée par l’EAZA. Contrairement aux TAGs qui se concentrent sur des espèces spécifiques, les EEP sont des programmes de gestion des populations d’animaux en captivité. Leur objectif principal est de maintenir des populations saines et génétiquement diversifiées dans les zoos membres. Chaque EEP (nombre actuel : 463) est responsable d’une espèce animale et est dirigé par un coordonnateur. Généralement il s’agit d’un expert en zoologie ou en conservation.

Le fonctionnement des EEP repose sur une approche scientifique et collaborative. Les coordonnateurs d’EEP collaborent étroitement avec les zoos pour gérer les populations animales. Ils collectent et analysent des données sur la génétique, la reproduction, la santé et le comportement. Avec ces informations, ils créent des plans de reproduction pour réduire la consanguinité et préserver la diversité génétique. Les EEP coordonnent aussi les transferts d’animaux entre zoos pour optimiser la génétique des populations en captivité.

EEP et TAG – vers une approche intégrée de la conservation des espaces menacées

Les EEP gèrent non seulement les populations en captivité mais soutiennent aussi la conservation sur place. Ils financent des projets sur le terrain, soutiennent la recherche et l’éducation, et collaborent avec des organisations locales et des gouvernements pour protéger les habitats naturels. De plus, les EEP collaborent étroitement avec les TAGs pour une approche holistique de la conservation des espèces menacées.

Et en France ?

Sur le plan national, l’association française des parcs zoologiques (AFDPZ) coordonne les activités des parcs zoologiques français, et encourage leur collaboration dans la conservation nationale. Cette coordination renforce les liens entre les zoos, les chercheurs, et les autorités, optimisant les efforts de conservation.

La FDPZ s’implique activement dans la conservation sur place, protégeant habitats naturels et populations sauvages. Ainsi, en partenariat avec des organisations locales et des autorités, les zoos membres de la FDPZ appuient des projets tels que la préservation d’écosystèmes fragiles. Parmi les initiatives, figurent les programmes pour le Binturong en Asie du Sud-Est et le Monarque de Tahiti.

Un moyen pour sauver certaines espèces ?

Les zoos jouent un rôle crucial dans la conservation d’espèces considérées comme éteintes à l’état sauvage par l’UICN. Parmi ces espèces, le Condor de Californie, classé en danger critique d’extinction, est un exemple marquant. La population de cet oiseau a fortement diminué depuis le XIXème siècle. Sa disparition graduelle est principalement due à la chasse et l’intoxication par le plomb. En 1992, un programme de réintroduction a été initié par le gouvernement de Californie pour restaurer la population sauvage. Grâce à ce programme, partant d’environ cinquante individus en captivité, des réintroductions ont permis de faire remonter le nombre d’individus à environ 336 dans la nature.

Condor de Californie

Conservation et Réintroduction : Le Parcours du Zoogoneticus Tequila

Le Zoogoneticus tequila, un petit poisson vivipare de la famille des goodeidés, est originaire des rivières Teuchitlan et Ameca au Mexique. Considéré éteint à l’état sauvage par l’UICN en 2013, il a souffert de la réduction de son habitat, de la pollution, et de l’introduction du tilapia. En 1998, l’université de Michoacan a lancé le projet Fish Ark pour reproduire et conserver, en dehors de l’habitat naturel, des espèces mexicaines, dont le poisson Tequila. Grâce à cinq couples fournis par le zoo de Chester, une reproduction sur quinze ans a permis la réintroduction de 1500 poissons dans leur habitat naturel. Cette conservation a été rendue possible par le zoo de Chester qui avait conservé ces poissons avant leur extinction sauvage.

Zoogoneticus tequila

 

*On peut citer aussi le programme de réintroduction du crocodile des Philippines par le zoo de Cologne.

*Le Trésorier de l’association, le Docteur en biologie de l’évolution, Thomas Garrigues, met d’ailleurs à jour la fiche Wikipedia France de ce crocodile sur la base des informations les plus récentes. Pour préserver les espèces, il faut d’abord bien les connaître.

Pour conclure…

En conclusion, les zoos jouent un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité à l’échelle mondiale. À travers leurs efforts de conservation, les zoos contribuent à la survie d’espèces menacées et éteintes dans leur habitat naturel en maintenant des populations génétiquement diversifiées et en bonne santé. Leur engagement dans la recherche scientifique et le développement de techniques de reproduction assistée renforce encore davantage leur impact sur la conservation.

De plus, les zoos jouent un rôle crucial dans la sensibilisation du public et l’éducation sur les enjeux de la biodiversité, inspirant ainsi des actions concrètes pour la protection de la faune à travers le monde. En collaboration avec des partenaires de la conservation, les zoos continuent d’innover et d’adapter leurs pratiques pour répondre aux défis actuels de préservation de la nature.

*Informations rajoutées par le bureau de MeridiE.

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